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15/04/2012

Élections, piège à cons !

ÉLECTIONS, PIÈGE À CONS !

  

Il est des slogans qui ont la dent dure, qui se supportent tant qu’ils ne sont pas indicateurs d’une incontournable vérité, qui s’agrègent autour de ce que certains appellent « aigreur » et surtout, disons-le, une capitulation devant les symptômes de notre temps. Le bon citoyen doit voter, le mauvais citoyen lui fréquente les rives de la marginalité en se refusant de participer à l’œuvre collaborationniste de la conservation d’un système par le jeu antidémocratique d’une élection qui ne l’est pas moins, parce qu’il est certain que seul le renversement des conditions d’existence produites par le capitalisme instaure la véritable rupture.

Le pitoyable show de l’élection présidentielle, sans épargner une seule candidature, sans éprouver à leur juste valeur de soi-disant programmes de réconciliation nationale au nom du républicanisme nauséabond de quelques bonnes consciences molles, se révèle pour ce qu’il est, une mauvaise pièce de théâtre que seuls les acteurs de la soumission acceptent de jouer. L’insistance de quelques boute-en train tels le pitre Mélenchon, la très détestable Marine Le Pen, l’inconsistant Hollande, le barbare Sarkozy et les vestiges d’une extrême gauche qui se dissout dans le parlementarisme (« capitalo-parlementarisme » dirait Badiou), devrait être suffisante pour convaincre de ne pas voter, puisqu’elle fait la démonstration de la volonté affirmée de conserver les choses en l’état, y compris dans la revendication d’une VIRépublique, qui, à tout prendre ne serait qu’un addenda de la Ve , une refonte « sauce gauche parlementaire » par députation de soi-disant représentants du peuple qui, nous le savons, sont au service des impératifs de la valeur marchande et de la libre circulation de toujours plus de marchandises inutiles et délétères, une Constitution toute neuve comme symbole d’une victoire dont nous savons d’ores et déjà qu’elle ne peut en aucun cas répondre aux aspirations du peuple, à sa volonté d’une démocratie qui garantit la souveraineté de celui-ci ; mais « démocratie directe » est un gros mot pour celles et ceux qui lorgnent déjà sur de potentielles bonnes places dans les ministères et les diverses officines du pouvoir.

Il faudrait donc voter, c’est-à-dire ramper devant quelques célébrités sénatoriales ou « ministrées », avaler la cigüe en consentant, se taire enfin et patienter jusqu’à ce que les spécialistes de l’asservissement général trouvent le dosage du poison nécessaire pour une soumission acceptable leur permettant de pérenniser l’horreur capitaliste. Il faudrait donc voter puisque c’est un acte républicain, mieux encore une consécration de la démocratie que nous devons à celles et ceux qui, de hautes luttes, ont acquis ce droit, et puis après tout il faut voter puisque désormais on vote partout dans les cadres que la domination impose.

Est-il nécessaire de dire que le mépris ne concerne pas ces glorieux combattants qui se sont battus pour le droit de vote et notamment celui des femmes, est-il nécessaire d’ajouter que leur victoire ne présageait en rien de la récupération que le pouvoir en a fait, est-il honteux de dire que voter aujourd’hui pour une élection aussi antidémocratique que la présidentielle est un contre-sens, à dire vrai l’exact contraire de ce que le peuple peut revendiquer au nom justement de la démocratie ?

Et dans le même ordre, à quoi bon s’attarder sur les pitoyables prestations des uns et des autres, de l’extrême droite à l’extrême gauche en passant par toutes les niaiseries confortables et rassérénantes d’une gauche plurielle définitivement perdue.

Combien serons-nous à ne pas accepter cette imposture ? Combien serons-nous à considérer que notre ambition émancipatrice passe par la construction de liens dans les luttes futures ? Combien serons-nous à dire que ce monde dans lequel nous survivons est inacceptable, que nous voulons prendre nos affaires en main, que notre confiance est un partage dans le combat et la dynamique du renversement de l’État ? Combien serons-nous à cesser de revendiquer d’illusoires meilleures conditions d’exploitation, pour éveiller la conscience à la juste appréciation de l’activité générique ? Combien serons-nous à dire, à répéter que le salariat est la condition même de notre asservissement, que la transformation ne peut-être que radicale par la libre association des hommes et des femmes ? Combien serons-nous à dire que c’est bien d’une révolution sociale dont il s’agit ?

Formulons l’idée, construisons l’événement.

Patrice Corbin

15 avril 2012